mardi 11 juin 2013

Novlangue — OQLF prescrit « action positive » plutôt que « discrimination positive »

Tiré du carnet d'Olivier Kaestlé, les graphiques sont de nous, au sujet de la préconisation de l'OQLF d'utiliser « action positive » plutôt que « traitement préférentiel » ou « discrimination positive » 

« Féminisme d'État et action... positive ?

Au fond, qu'est-ce qu'une expression aussi vague qu' « action positive » peut bien vouloir dire ?  Parlons-nous de bénévolat, de civisme, d'initiatives en vue d'améliorer notre environnement, nos habitudes de vie, ou notre façon d'envisager notre prochain ?  Que nenni !

Voici la définition précise que notre gouvernement, poussé par un féminisme d'État omniprésent, vient de donner à cette expression sans éclat, qui peut inclure tant de sens possibles et aucun : « Ensemble cohérent de mesures prises pour éliminer la discrimination subie par un groupe de personnes et remédier aux inégalités de fait en leur accordant temporairement certains avantages préférentiels, notamment en matière de recrutement. »


L'Office de la langue française et le correctivisme lexical

Vous l'avez compris, « action positive » est le résultat d'une opération cosmétique maladroite et cousue de fil blanc visant à nous faire avaler le concept de « discrimination positive »,  celui-là même qui fait que, « temporairement », les hommes hétérosexuels et de souche disparaissent peu à peu de la fonction publique provinciale au profit des femmes, des autochtones, des communautés culturelles et des personnes handicapées.  Nul doute que ces gens aient droit à leur place dans la société, mais faut-il qu'elle se taille au détriment des intérêts légitimes d'un groupe jadis dominant, mais devenu lui-même minoritaire ?

La définition confirme les publics-cibles traditionnels de la discrimination positive : «  Les principaux groupes visés par l'action positive sont les femmes, les minorités visibles et les personnes handicapées. »  Rappelons que les femmes dépassent maintenant les 60 % des effectifs de la fonction publique québécoise, même si les programmes dits d'action positive les favorisant demeurent toujours en vigueur.  Les hommes occupaient 42,9 % des emplois de la fonction publique provinciale en 2009, année où seulement 36,9 % d’hommes ont été embauchés. Y aura-t-il un jour un pilote dans l'avion pour corriger le tir de cette situation flagrante de dérapage et d'iniquité ?


Répartition des sexes dans la fonction publique québécoise


Au plan fédéral, c'est depuis 1983 que les programmes de discrimination positive existent.  Ce n'est pourtant que récemment que notre gouvernement aux vues si éclairantes vient de saisir la contradiction évidente de cette expression : «  Les expressions discrimination positive et discrimination à rebours n'ont pas été retenues même si on les trouve dans certains textes spécialisés, car elles sont inappropriées. Dans la langue courante, le mot discrimination a une connotation négative d'emblée; il désigne le fait de séparer un groupe social des autres en le traitant plus mal. La discrimination est contraire à l'égalité, qu'elle soit positive ou négative. »


Répartition des groupes bénéficiant de la discrimination positive


Le désavantage de naître garçon

Quel avenir pour les garçons ?

De cet énoncé, je retiens «  séparer un groupe social des autres en le traitant plus mal  ».  Ils l'ont écrit, maintenant, quand donc vont-ils le comprendre ?  Car enfin dès la naissance, le garçon québécois - ou occidental - part perdant si l'on compare le sort qui l'attend à celui des filles qui ont désormais leur journée internationale, le 11 octobre, confirmant par là qu'elles représentent le futur de l'humanité.

Il évoluera dans un environnement scolaire où les figures masculines disparaissent peu à peu, par crainte des fausses allégations, au profit d'une surreprésentation d'enseignantes.  Il s'ennuiera dans un contexte d'apprentissage statique et exempt de compétition favorisant l'apprentissage des filles.  Il découvrira dès le secondaire les programmes de discrimination positive, oh pardon, d'action positive, exclusivement destinés à ses consœurs, comme Les filles et les sciences, un duo électrisant, dont il se verra exclu, si par malheur il veut y participer.

S'il persévère vers les hautes études, il constatera la mise en place de programmes d'action positive ne visant que l'intégration des filles dans les disciplines non traditionnelles pour elles, alors que rien n'existera pour lui, pas même en médecine, en biologie ou en biochimie, domaines devenus majoritairement féminin.  À ces programmes, s'ajouteront les concours et bourses d'études visant - toujours - l'intégration féminine telles que Chapeau les filles et Excelle Science, dont aucun équivalent n'existe pour les gars.

Le « drame » des filles

Notre bien-aimé gouvernement s'alarme de la sous-représentation de nos filles en sciences et en technologies, apparemment persuadé que cet état de fait ne puisse être attribuable qu'à un contexte de discrimination ancestrale les opprimant. On ne s'étonnera pas trop de voir des chercheurs de l'Université du Québec à Montréal (UQÀM) s'alarmer ostensiblement de ce « drame » tandis que les garçons disparaissent d'à peu près partout, une fois le secondaire passé :
« La lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes s’est manifestée dans tous les espaces sociaux, dont ceux de l’éducation et de l’emploi. Dans cette lutte, une stratégie déployée par le mouvement féministe et par les pouvoirs publics de nombreux pays fut de favoriser la présence des femmes dans les emplois dits non traditionnels. Malgré les luttes sociales et les interventions publiques visant à ouvrir l’horizon professionnel des femmes, il reste que les ghettos d’emplois sont encore fort présents. »

« J'aimerais avoir un emploi technique. »
Plus un pays est pauvre et « rétrograde », plus les filles veulent une carrière de garçon...
Tiré des travaux de Svein Sjøberg et Camilla Schreiner de l'Université d'Oslo


Je parie que ces gogos, incapables d'imaginer que les filles ne puissent pas s'intéresser aux sciences en aussi grand nombre que les gars, croient leurs propres lamentations, pendant que les étudiantes universitaires, largement majoritaires au sein de leurs murs, peuvent envisager un statut préférentiel si elles choisissent une carrière dans la fonction publique, avec les atouts qu'un tel cheminement représente en comparaison du secteur privé. »
»

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

«...temporairement...»

... ah oui?

Loulou a dit…

En effet, anonyme, la discrimination positive persiste par exemple dans la fonction publique (très avantageuse, peu travaillante) même quand les femmes sont déjà 60 % de celle-ci.